De La Bergerie Des Bons Soins

De La Bergerie Des Bons Soins Berger Belge

Berger Belge

La couleur de robe du Malinois

La couleur de robe du Malinois

Le fauve ardent, les reflets rouges, aux teintes cuivrées et chaudes, aux belles charbonnures, sont préférés aux robes "délavées" ou "sable", et aux masques délayés, qui ne sont ni recherchées, ni autorisées. Le "Malinois noir" n'est plus admis au standard depuis 1978. Plus souvent nommé PCN, pour Poil Court Noir, on rencontre pourtant encore de nos jours ces très beaux chiens. En revanche, les gris, les "bleus", les blancs, le "chocolat", ne sont pas confirmables. Ces couleurs n'ont jamais fait partie du patrimoine génétique du Berger Belge, et véhiculent des pathologies graves. Elles sont souvent la résurgence de croisements avec d'autres races. Les bringés ne sont admis que chez le "cousin", le Berger Hollandais, qui bien qu'ayant des origines largement communes, est aujourd'hui considéré comme une race distincte. Le poil doit être court, avec un bon sous-poil, sans être ni ras, ni mi-long. La seule et unique couleur admise pour le Malinois, demeure le fauve charbonné masque noir.


 


Les «bleus» envahissent nos Malinois, par M. Jean-Marie Vanbutsele.

Les «bleus» envahissent nos Malinois, par M. Jean-Marie Vanbutsele.



Publication autorisée par belgiandogs.info. Jean-Marie Vanbutsele, janvier 2007.

Nous assistons ces derniers temps, chez nos Malinois, à l’apparition de chiens ayant une couleur « bleu-gris » ou « bleu-souris ». Leur nombre semble augmenter. De quoi s’agit-il exactement ? Examinons d’abord les aspects génétiques de ce nouveau phénomène.

En génétique, plusieurs gènes sont responsables de la coloration de la robe du chien. Parmi ceux-ci, celui qui nous intéresse dans le cas présent, est le gène identifié par la lettre « » qui est la première lettre du mot anglais « Dilution ». Ce gène est composé de deux allèles : « D » lequel est dominant sur « d », récessif. L’action de « d » devient seulement apparent lorsque cet allèle est présent en double exemplaire  et qu’il provient donc de chacun des deux géniteurs.  En d’autres mots, l’accouplement  de deux Malinois, tous deux porteurs de cet allèle récessif « d », donnera un ou plusieurs chiots possédant cet allèle en double dose.  En présence du couple « dd », le pigment noir (ou eumélanine) qui se retrouve dans la peau, le poil et l’iris du chien se dilue entièrement. La couleur noire du masque et du charbonné se dilue et vire vers le « bleu-gris » (slate blue) d’où le terme de « bleu ». Le nez, le palais, les coussinets et les bords des yeux deviennent « bleu-noir ». L’action de « dd » sur la couleur fauve (ou phaeomélanine) est connue pour ternir la couleur ou de la rendre moins brillante  (« flattening or dulling » en anglais)

Conformément à la deuxième loi de Mendel, l’accouplement de deux Malinois, porteurs chacun de l’allèle récessif  « d » en simple dose, donne :

25 %  de Malinois  (fauve charbonné) ne possédant pas l’allèle « » ; 

50 %  de Malinois  (fauve charbonné) possédant l’allèle « d » en simple dose ;

25 %  de « bleu-gris » possédant l’allèle « » en double dose.

En d’autres mots, la moitié des chiots ou les 2/3 des Malinois de cette nichée sont, comme leurs parents, porteurs de l’allèle récessif « ». En simple dose, cet allèle récessif peut se propager sans que l’on s’en aperçoive et survenir brusquement après quelques générations au grand étonnement de l’éleveur. L’accouplement de deux chiens « bleus » entre eux donnent, selon les lois de Mendel, des « bleus ». Une recherche sur internet permet de découvrir l’existence de cet allèle chez d’autres races et notamment chez  le Berger allemand, le Boxer, le Dobermann et le Dogue allemand.Une recherche généalogique s’avèrera nécessaire en vue de localiser l’origine de l’apport de cet allèle récessif, tout en identifiant les lignées porteuses de « d ». L’utilité de cette cartographie est d’autant plus importante que les robes dites « bleues » sont associées à certaines prédispositions pathologiques. Des cas sont déjà signalés.  Dans d’autres races, elles sont bien établies. Quelles sont-elles ? Abordons certains aspects. 

Les chiens porteurs de « dd » paraissent prédisposées à une certaine forme de perte de poil (ou alopécie). « Color Dilution Alopecia » (CDA)  est le terme médical le plus couramment utilisé. Le commencement de la période de perte de poils se situe entre l’âge de six mois et trois ans.  La peau dans les régions affectées est généralement écailleuse et est sensible aux infections bactériennes. La cause de cette maladie n’est pas connue. Si la relation entre une pigmentation diluée et la perte de poils est certaine, certains individus y échappent.  Chez le Dobermann, 50 à 80 % des chiens avec pigmentation diluée sont atteints de perte de poils.

La présence de l’allèle « » en double dose est également responsable de la dilution de la couleur de l’iris. Cela donne à l’œil une teinte bleu-grise évoluant en fonction de l’âge ou des yeux fumés (smoky eyes). Ce n’est plus l’œil brunâtre ou foncé. L’œil bleuâtre est sans doute moins résistant à la lumière et, ce qui est plus grave, des maladies oculaires sont signalées.

D’autre part, que nous enseigne l’histoire ? L’étude approfondie des textes historiques permet de faire appel à l’expérience de nos prédécesseurs. Très instructives sont les décisions prises en 1920. Afin de reconstituer notre race, en grande partie décimée par la Guerre de 1914-1918, une assemblée générale consultative avait été organisée en date du 8 février 1920 par la « Société Royale Saint-Hubert ». Elle se prononça pour la reconnaissance du Berger belge aux chiens répondant strictement au standard de cette race, même s’ils étaient d’une autre couleur que celles admises pour les cinq variétés anciennes, pourvu que cette couleur était comprise dans la gamme des tons qui vont du noir au fauve ou dans le mélange de ceux-ci.

Dans un article publié en mars 1920, Charles Huge, un de nos cynologues les plus éclairés et qui avait participé à cette l’assemblée consultative de 1920, commente avec précision les limites des couleurs du berger belge.  

« Autant je suis partisan de rendre à notre race bergère du pays tout le terrain qui faisait le domaine de notre race autochtone, autant je me refuse à y admettre les couleurs qui, de mémoire d'amateurs, ne furent pas celles qui se rencontraient dans le pays.  Jamais nous n'avons vu un berger belge brun chocolat, ni un bleu souris, ni un noir avec feux vifs comme le Dobermann ou le Beauceron ».

Le « bleu-gris » n’a jamais fait partie du patrimoine génétique historique de notre Berger belge. Jamais aucun standard n’a évoqué cette couleur de robe. Pour ce qui concerne la couleur des yeux, les standards ont toujours prescrits une couleur brunâtre, de préférence foncée. Avec Charles Huge, j’en appelle à l’esprit d’éthique de tous les éleveurs pour rejeter du pool génétique de nos Bergers ces « gènes de dilution à prédispositions pathologiques». Gardons intact la haute réputation de santé et des qualités du Malinois. Quant au vocable de « Malinois », il a toujours été réservé à la variété à poil court de couleur « fauve-charbonné ».

Jean-Marie Vanbutsele

Brakel, janvier 2007.


Références

-  Prof. B. Denis – Les couleurs de robes chez le chien (S.C.C.) (1989)

-  Prof. B. Denis – Génétique et Sélection chez le Chien (1997)

via internet : 

Color Dilution Alopecia: https://www.pawprintgenetics.com/products/tests/details/170/?breed=116

Dilution:  https://homepage.usask.ca/~schmutz/dilutions.html

Version Américaine des couleurs de la robe du BBM... :-(

Version Américaine des couleurs de la robe du BBM... :-(

Le Berger Belge Tervueren est aujourd'hui reconnu comme une race et non plus comme une variété, à l'Américan Kennel Club (l'AKC est une fédération indépendante de la FCI). Il n'est donc pas étonnant de voir à quel jeu d'apprenti sorcier (et les diverses dérives et pathologies qui vont avec) se livre une certaine forme de la "sélection" américaine, sur la couleur du pelage essentiellement (hormis peut-être pour le PCN, mais sous réserve!), ce qui est à déplorer et ne doit jamais être recherché pour "notre" Malinois.